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Inondations dans le Sud-Est L'heure des comptes

C'est ce vendredi que doit être pris l'arrêté de catastrophe naturelle, afin de permettre aux victimes des récentes intempéries dans le Sud-Est, d'engager des procédures d'indemnisation.

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C'est ce vendredi que doit être pris l'arrêté de catastrophe naturelle, afin de permettre aux victimes des récentes intempéries dans le Sud-Est, d'engager des procédures d'indemnisation.

Claude Guéant, le ministre de l'Intérieur, l'avait annoncé dès le lundi 14. Aux victimes qui ont manifesté la crainte d'être abandonnées par leurs assureurs, après deux sinistres majeurs de même nature, Claude Guéant a affirmé que « le ministère de l'Economie pouvait imposer à une compagnie de couvrir des risques et que l'adoption par les communes des PPRI (Plans de protection du risque inondation) était un gage de protection contre l'augmentation des franchises ». Il avait aussi annoncé, dès le 8 novembre à l'Assemblée, une aide d'urgence de 300 000 euros.Pour l'ensemble des régions touchées par cet épisode dans le Sud-Est, le préjudice est estimé entre 550 millions et 800 millions d'euros. Selon la chambre d'Agriculture du Var, une trentaine d'horticulteurs et pépiniéristes ont déclaré des préjudices.Dès le 10 novembre, une cellule de crise agricole s'est réunie. Un guichet unique d'accueil et de recensement a été mis en place à Vidauban, avec un numéro unique : 04 94 99 74 00. Les agriculteurs sinistrés doivent se déclarer auprès de leur mairie, de leur assureur et de la cellule de crise. Des dispositifs d'urgence ont été mis en place (chômage partiel, mesures MSA, banques, étalement de la TVA, des impôts et taxes). Pour en savoir plus : www.ca83.fr. Un appel à la solidarité a été lancé.

Prévenus à l'avance, cette foisReste qu'à la réunion de crise du 7 novembre, Ollivier Ottenwalder, producteur à Fréjus et secrétaire général de la FNPHP notais que des « coups de gueule » ont été poussé : « on peut être très en colère de voir que depuis la catastrophe de juin 2010, presque rien n'a été fait pour le nettoyage des cours d'eau ou la remise en état des digues. Plusieurs agriculteurs ont même été verbalisés par la police de l'eau à la suite d'opérations de nettoyage de cours d'eau ou de remontées de digues qu'ils avaient effectuées eux-mêmes ».Heureusement, cette fois, tout le monde a été prévenu plusieurs heures à l'avance, ce qui a permis de mettre à l'abri la plupart du matériel. Il n'y a eu pratiquement aucune casse de verre.

Chez Raphaëlle Vacherot où l'eau est monté juste au-dessus des tablettes, noyant les plantes et les entraînant dans tous les sens, et noyant aussi les appareils de chauffage, indispensables en cette saison pour ce type de culture, la mobilisation des confrères et de la chambre d'agriculture a permis de trouver rapidement des appareils de rechange.

Les établissements Bury ont une nouvelle fois été inondés. Après la vague de juin 2010 qui a détruit 2 des 3 sites de production du département, l'eau a, une nouvelle fois, envahi les serres laissant sur son passage une quantité de boue conséquente. Sur le site principal, l'eau est montée jusqu'à 80 cm (1,30 m en 2010), s'arrêtant par chance à 1 cm des cultures par endroit (voir photo). Sur les autres sites restés en l'état après les inondations de 2010, l'eau est montée jusqu'à 1,50 m, ajoutant à la désolation.Les infrastructures et installations techniques n'ont été cette fois que faiblement touchées. « Nous avons pris un bon coquard, mais nous ne sommes pas K.O. », disait au téléphone Bruno Bury le mercredi 9 novembre au matin...

Une cinquantaine d'emplois perdusPour ce qui concerne les autres gros horticulteurs de la vallée de l'Argens, sinistrés en 2010, Tournesol (M. Roosen) avec 5 ha de serres n'a pas pu redémarrer. Kientzler, avec 4 ha de serres, avait redémarré sur un de ses 3 sites, mais a « jeté l'éponge » et arrêté la société Kientzler France au 30 septembre 2011. Chez Bury, sur les 7 ha de serres en culture avant 2010, seuls 3 sont encore utilisés : « Si on fait le bilan, au niveau des emplois perdus, rien que sur ces 3 entreprises, on arrive vite à une cinquantaine ! », précise Ollivier Ottenwaelder.Quant aux dossiers de sinistre, « beaucoup n'ont pas (ou très peu) été indemnisés pour la dernière inondation, et ils se demandent s'il est nécessaire de refaire des démarches pour rien ou pas grand-chose »...

Quid de l'avenir ? La digue du Reyran a donné des signes de faiblesse avec la montée exceptionnelle des eaux de ce petit fleuve, qui a emporté plusieurs plaques de bétons dans son parcours canalisé, attaquant directement la digue. Les établissements Morel, à Montourey (83) ont même failli être évacués. Conséquences : les deux rives sont maintenant classées en zone à risque et tout permis de construire est suspendu jusqu'à l'avis des experts de l'État qui doivent dire quels travaux effectuer pour la remise en état pérenne de l'ouvrage. Dans la zone concernée du Var, personne n'est encore tiré d'affaire.

Remerciements à Ollivier Ottenwaelder et Elodie Mazuir

P.F.

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